Quatre mains sur tes fesses.


J’aimais les rêves plus que ma dépression, j’étais malade à en trembler  j’aurais préféré m’en aller, m’envoler vers les bas-fonds d’un enfer de foutaises. Rien que des fournaises.  Ce que les gens ne savent pas, ce qu’ils ne pensent que tout bas sans y croire sans même y chercher une quelconque réponse je m’apprête à le crier bien fort, j’irai me casser la voix sur les rochers du mont saint-michel et chasser la crevette pour ton chef d’œuvre de fessier.  C’est toi le chef.  
Mes yeux saignent encore le martyr et je n’ai pas idée de la douleur qui m’attend demain, cette pute.

Lola a croisé Louisa. Elles se sont vues, rencontrées, parlées baisées tout ce que tu veux, mais Lola a croisé Louisa. Oh God, comme dirait l’autre.
Je crois qu’elles sont faites l’une pour l’autre, je meurs de me dire que, finalement, Louisa serait capable de baiser Lola comme il faut et que la belle Lola pourrait enflammer la chatte d’une Louisa trop bronzée en un clin d’œil. Je me perds au fin fond de leur histoire, me cache dans un grenier sous un placard et admire de ces yeux pervers mes amours s’embrasser. Se toucher le cœur doucement, s’unir pour la vie me punir en ce jour de pluie.
Lola couche avec Louisa, elles se touchent et s’aiment bien plus que je n’aurais jamais osé. Mon dieu que je suis jaloux.
J’ai tenté à maintes reprises de me donner la mort, j’ai baisé comme il faut avec ce qu’il ne faut pas autour de la verge, je me suis coupé les cheveux avec violence et j’ai sauté du haut de mon égo avec assurance. Rien n’y fait la mort veut jouer plus longtemps ou un connard de cadavre m’a volé mon lit. J’ai tenté de venir à bout de souffle, portant le poids de la déception sur mes épaules de sportif trop con pour ne pas l’être.
J’ai tenté de ne plus être j’ai voulu une fois disparaître.
Mais une magie venant de l’autre monde est revenue à la charge et l’ombre s’est dissipée d’un coup de baguette rustique. Dieu merci tu m’aimes encore, moi qui croyais ne plus jamais entendre parler de toi. Pour toi je me ferais crétin tu sais, ou chrétien si tu insistes.

Elle n'existe que mal.


Lola n’existe pas ou très peu, son image me hante et son rire me torture. C’est fou comme cette poupée peut m’obséder, comme sa présence peut me faire mouiller à foison. Lola me montre ses dents et me tire la langue, je me jette à son cou et tente de la lui prendre, je m’accroche à sa bouche m’attache à ses lèvres et hurle de bonheur. Les larmes coulent les frissons frissonnent et l’abandon m’abandonne. Lola me rend dingue.
Je ne sais pas bien où je vais ni ce que je dois penser de tout ça, l’amour plastifié a-t-il un quelconque avenir, la fascination du jouet suffit-elle à lui donner vie ? Je me sens fondre.
Je fonds en armes et propulse mes mains au-delà du monde, j’attrape ce qui se tient là et le serre tout contre toi, j’avance à la recherche d’un amour imaginé je me balade dans ton imaginaire et espère un jour t’y retrouver. Les planètes s’enlacent et le soleil les embrase du regard, elles se tournent la tête et jouent avec mes nerfs. L’air de rien. Lola orbitale, je te rêve bien plus que tu ne me touches.

J't'ai baisé.


Cette montagne est bien trop haute pour toi, petit. L’ascension te tuera. Crois-moi.
On m’avait dit que commencer une histoire c’était comme sauter d’une voiture en marche, ouvrir la portière côté passager et se jeter dans le décor. Se laisser tomber, rouler jusqu’à plus soif rouler jusqu’au prochain carrefour et prier pour qu’un camion passe. On ne m’avait pas dit que ça faisait si mal, à vrai dire. Je me sens con maintenant. Sans rire. 

«  - C’est qu’il fait sacrément noir chez toi, Lola. C’est triste.
 - Je n’aime pas la lumière. Pas pour ce genre de choses, pas maintenant.
 - Tu ne veux pas me voir ? Ferme les yeux. Tu as honte ? Pense à autre chose. Je te paie pour un peu de sueur, je veux pouvoir te regarder, je veux voir ta bouche trembler lorsque tu jouiras, je veux voir ton corps sombrer dans la folie
sentir ta fin s’échapper et tes seins s’enflammer. Allume la lumière, je t’en prie. Allume là que je te vois. »


Et la lumière fut.




Il jouait du tambour debout.

          Bam Bam Bam Bam
Le tambour, encore et toujours.
          Bam Bam Bam
Un chemin qui ne tourne qu'à la fin, qui s'en va jusqu'à loin, jusqu'à demain.
          Bam Bam
" - Qui est là ? "
          Bam
" - Il y a quelqu'un ? "
[...] Le silence me saigne jusqu'aux oreilles.
" - Lola ? Lola je sais que tu es là. Lola montre toi. Lola ! "
          Bam Bam Bam Bam  - L O L A !
J'ouvre les yeux et mon cœur s'échappe. Je le regarde s'enfuir et me dis peut-être que, peut être, peut-être que si je le suis j'y trouverais ma poupée.
Il roule et sort d'une chambre mal éclairée, s'éloigne à la vitesse grand G en se heurtant aux murs comme un cadavre trop ivre pour marcher droit. Mon cœur est saoul, mon cœur est fou. Mon cœur est ailleurs, il n'en peut plus d'ici.
Doucement je marche derrière lui, suivant une trace ensanglantée un chemin de bile et d'hémoglobine. La route de l'épouvante. Je sens mon corps s'emballer, la panique m'envahir : il accélère. Mon coeur roule de plus en plus vite comme s'il devait gagner une course perdue d'avance, comme si tout était possible aujourd'hui, cette nuit. Je dois me mettre à courir à mon tour si je ne veux pas perdre de vue ce qui me tient debout, voler le cœur d'un autre ne serait pas une solution. Retrouver le mien, question de vie ou de mort. La question à un million, la question de trop.
" - Reviens ! "
          Bam Bam Bam
" - Arrête-toi  ! Attends-moi ! "
          Bam Bam
Il ne s'arrête pas. L'amour est aveugle. Sans raison. Déraisonnable, inexplicable, deux pour le prix d'un. L'amour est idiot. L'amour est amoureux, probablement.
Je poursuis ma quête, traverse les villes sans ressentir la moindre fatigue, j'ai les poumons d'un marathonien et des jambes sans fin : rien ne m'arrêtera.
          Bam Bam Bam
Le sang coule de plus en plus, la trace devient rivière, puis fleuve. Il s'épuise. Il s'épuise ou abandonne je ne sais pas, mais il perd de la vitesse. La nuit laisse place au petit matin, le soleil court avec nous et tente de nous dépasser. En vain. Je traverse maintenant les pays comme s'ils n'étaient qu'à deux rues d'ici, je vole avec les dauphins et nage avec les oies, je migre à la recherche d'un cœur perdu.
Le fleuve laisse place à un océan, le sang coule toujours plus.
Je pose un pied en Argentine et d'un bond j'arrive en Espagne. Le soleil est loin derrière, je pense l'avoir semé. Ou perdu.
          Bam Bam Bam Bam
Direction la France, je sais ce qu'il y cherche, je sais ce qu'il y trouvera aussi.
          Bam Bam Bam
Je le vois, là devant.
          Bam Bam
Il roule doucement, se traine péniblement, comme épuisé par un trop long voyage, comme exténué par tant d'espoir.
          Bam
La rue est mal éclairée. Il avance péniblement sur un trottoir en se heurtant aux poubelles posées dehors. Il est méconnaissable, transformé.
Je me penche pour l'attraper, le saisir d'une main et m'ouvrir la poitrine de l'autre. Y replacer un cœur ensanglanté et dormir paisiblement.
          Bam Bam Bam Bam
Mes doigts glissent. Je tente de le retenir.
          Bam Bam Bam
Il tombe.
          Bam Bam
Il s'écrase au sol et reprends sa folle course.
          Bam Bam Bam
Je ne peux plus le suivre, je ne veux plus courir.
" - REVIENS ! "
          Bam Bam
" - REVIENS ! "
          Bam Bam
" - LOLA N'EXISTE PAS ! "
          Bam Bam
Il traverse la route.
Un camion, une voiture, une moto peu importe.
La course se termine ici, à quelques mètres de son appartement.
          Bam Bam
" - Lola n'existe pas [...] "

Tu sais moi, j’ai perdu la raison il y a bien longtemps. Il fallait faire de la place pour l’histoire, le bonheur et la folie. Pour une fois tu me suivras, que je m'étais dit.

                                 Cette idée n’était ni raisonnable ni raisonnée. Ce n’était qu’une évidence, une intuition.